Les mitaines Asenath

 

Mais qu’est ce que ce nom tarabiscoté? Asenath? Il faut que je vous explique. Lorsque je dois nommer mes projets, je puise en général dans mes lectures du moment. Mais ces mitaines sont tricotées avec la même laine qu’un bonnet slouch de l’hiver dernier. Et son petit nom, c’était le slouch Asenath. J’étais dans une période Lovecraft et Asenath est un des personnages du livre La chose sur le seuil.  Malgré tout ça, j’aurais pu les appeler les mitaines de la solidarité, car ce sont mine de rien des mitaines un peu spéciales, pas techniquement, mais car elles sont un cadeau pour quelqu’un que je ne connais pas. Enfin, j’ai déjà vu cette personne : une fois, dans le métro, quelques instants. 

 

Cette rencontre remonte à quelques mois, un soir d’été après une soirée tricot entre parisiennes. Bien installée dans le métro, lorsque les wagons sont presques vides et que quelques personnes parlent trop fort, encore enivrées de la folie nocturne. Je sors mes aiguilles, à l’abri des regards indiscrets, contente de pouvoir profiter de l’éclairage violent pour repérer les erreurs qui se sont glissées entre mes mailles lors de la soirée.  Deux “jeunes” entrent dans le wagon, le genre à se balader avec des chiens, mais cette fois trimballant de gros sacs à dos. Légèrement éméchés, le premier pose son sac et commence son monologue. Il ne réclame pas d’argent, explique aux oreilles baladeuses qu’il touche bien de l’argent tous les mois, mais ce qu’il réclame, là, ce sont des sourires.

Il récolte donc des “bonsoirs” à son passage, quelques personnes le regardent dans les yeux (dans le métro parisien! le comble, une fille pourrait se faire violer que personne n’oserait intervenir, alors regarder quelqu’un… inimaginable.) Ils ont bien remarqué que je tricotais. Ils commencent eux aussi à parler fort “oh mais regarde, je suis sur que c’est du tricot”,”mais c’est génial, je crois que ma grand-mère en faisait”.  

 

 A peine une minute plus tard, le deuxième était installé devant moi, littéralement fasciné, me priant de lui tricoter quelque chose. et bien j’ai dit oui. J’ai une liste de chose à tricoter pour des amis ou de la famille qui me l’ont demandé longue comme le bras, mais la c’était différent. Il était vraiment en train de me le demander, ni pour la drague, ni pour discuter, juste pour avoir quelque chose tricoté.

Parce que des mecs qui viennent et qui disent “oh mais ça va être trop petit pour moi!” ou “dis, tu me tricotes un pull?”, c’est insupportable.  Je suis donc repartie avec un numéro de téléphone et une adresse, en échange de la promesse de tricoter une paire de mitaines d’ici l’automne.

Les mois sont passés et je n’ai pas oublié. Les mitaines sont faites, en côtes pour qu’elles soient bien extensibles pour lui aller, et en laine bien chaude pour l’hiver. 

 

 

Je m’en vais maintenant chercher quelques pelotes de laine bleue, pour de nouveau faire un petit projet pour aider une bonne cause : Nutch du blog Créabull et l’association Je TED à aller à l’école  organisent une vente solidaire au profit de la recherche sur l’autisme.  Des créations sont mises en vente à partir du 8 décembre. Comme vous vous en doutez, la totalité des bénéfices de l’opération sera reversé à l’association.

 

Et vous, avez vous déjà mis vos talents à contribution, pour une oeuvre caritative? Avez vous participé à l’opération “Mets ton bonnet” lancé par Innocent et sponsorisé par Phildar? Il n’est pas trop tard, on a jusqu’au 15 décembre pour remettre les petits bonnets!